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La force du duo Pierre&Barbara repose sur la mise en commun d’affinités esthétiques, d’intérêts respectifs et de compétences techniques. Leurs pratiques artistiques se rencontrent dans une visée multidisciplinaire, pour explorer de nouvelles pistes de création par la photographie, la vidéo, le son, les mots et l’installation in situ. Leurs actions sont guidées par la solidarité, l’implication dans les communautés, le respect pour le paysage et la nécessité d’une prise de conscience plus globale. Par leurs interventions, Pierre&Barbara se demandent comment être plus solidaire à l’autre alors que partout s’engage une course effrénée à la consommation et que l’humanité semble avoir atteint des sommets d’incompréhensions et d’iniquités. Par le biais de résidences, le duo cherche à aborder plus localement des problématiques réelles ou imaginaires en s’ancrant dans la réalité particulière de la communauté d’accueil. Comment agir et coopérer de façon à créer des liens entre les individus, les cultures et leurs savoirs. Est-ce que les mémoires collectives peuvent encore donner des solutions à nos sociétés en périls, dans l’esprit d’un dialogue intergénérationnel et interculturel ? L'approche de Pierre&Barbara est ancrée dans le réel mais déborde dans le poétique, la fiction et l'imaginaire social. Ils espèrent ainsi sortir de leurs habitudes, rester ouvert à l'imprévu, au risque d'être déstabilisés.

Selon Amin Maalouf, Il semble que nos sociétés aient atteint un niveau sans précédent de désorientation, un seuil d'incompétence morale qui pourrait être la pointe d'un dérèglement global des plus menaçants: "Il me semble que le moment est venu de modifier nos habitudes et nos priorités pour nous mettre plus sérieusement à l’écoute du monde où nous sommes embarqués. Parce qu’il y a plus d’étrangers en ce siècle, il n’y a plus que des «compagnons de voyage». Que nos contemporains habitent de l’autre côté de la rue ou à l’autre bout de la terre, ils ne sont plus qu’à deux pas de chez nous ; nos comportements les affectent dans leur chair, et leurs comportements nous affectent dans la nôtre" Amin Maalouf, Le dérèglement du monde, p. 205, Grasset, 2009

Pierre rêvait depuis longtemps de visiter le Tibet. Barbara avait lu durant son adolescence les récits fascinants d'Alexandra David-Neel. En 2010 nous décidons de nous rejoindre au Ladakh, région du Cachemire Indien qui s'est longtemps partagé/disputé le territoire avec le Tibet, les paysages y sont très semblables et la vie religieuse aussi. Nous sommes arrivé finalement mi-juillet dans la ville principale de Leh à 3 500m d'altitude, après de nombreuses embûches sur l'unique route praticable en été. Quelques semaines plus tard...

« Dans la nuit du 5 au 6 août 2010, un orage tonitruant résonne autour de la maison de terre, des pluies diluviennes, un sommeil agité, quelques infiltrations d’eau ... Le lendemain matin retour du soleil, mais une impression de calme étrange. Le centre ville est désert, les magasins tous fermés, je demande à une jeune fille ce qui se passe… Il y a eu une immense coulée de boue, des maisons détruites, des personnes disparues, ont ne sait pas pour nos familles. Je n’ose m’aventurer dans la zone affectée ; tout cela me semble bien trop grave. Pierre avait rendez-vous avec un cameraman Ladakhi, il ne reviendra que tard, et m’apprendra l’ampleur des dégâts; témoin du désastre qui a ravagé une partie de la ville et emporté des centaines de personnes, 200 morts, 600 disparus… Les jours suivant nous sommes bouleversés, toute la région est sinistrée, les deux seules routes d’accès au Ladakh sont bloquées car les ponts détruits. Des touristes sont évacués, nous choisissons de rester. Des réseaux d’entraide s’installent rapidement, nous sommes emmenés vers l’hôpital, une école, des maisons détruites; plusieurs journées à ramasser des tonnes de boue qui se sont infiltrées, à vider les quelques biens devant des visages décomposés, perdus…Tout autour les traces du désastre nous happent, des amas, des débris, des fragments de vie emmêlés, un chaos total. Il faudra plusieurs semaines et sans doute des années pour que le Ladakh se remette de cet événement écologique et humain sans précédent dans la région».

Cet événement nous à touché de très près, il nous à relié au reste de la planète aussi. Nous observons de plus en plus de désastres écologiques, de dérèglements climatiques frappant notre planète. Nous espérons qu'une démarche artistique à l'écoute des histoires des gens vivant près de la terre, saura transmettre un message d'espoir et de poésie pour l'avenir de l'humanité.